Le réseau de la Fromagère

A partir de 1963, d’autres tentatives sont effectuées pour trouver de nouvelles entrées plus hautes que celle du Berger. Parmi elle le scialet de la Fromagère, découvert sous l’impulsion de Jean Lavigne en septembre 1966 et suivant le rapport d’interprétation de C.Arnaud et de G.Lucas basé sur l’étude phototectonique de 1962 du plateau de Sornin.

Avec la contribution du spéléo club de Cannes (Claude Lamoureux) eut lieu la première tentative pour forcer la chatière à -32 m.

Des dynamitages (avec autorisation de la mairie d’Engins) permettent d’entre voir une fissure dans laquelle, après de multiples contorsions, Monique Lamoureux, parviens à se faufiler jusqu’au départ d’un beau puits.

Cette première victoire déclencha tout un programme avec pour objectif de faire la jonction …

 En 1967 une collaboration entre le Centre de Spéléologie des Gorges de l’Ardèche, celui de Cannes et l’Association Nationale des Guides et Moniteurs de Spéléologie a pour objectif de reprendre l’exploration de ce gouffre.

 

En septembre de cette même année, au bout de 8 jours de désobstruction à a dynamite, le passage est ouvert à -32m sur 15 m de longueur. Le 24, deux équipes descendent et découvre le grand puits à -175 m.

 

Le 22 octobre, ils le descendent et atteignent à -270 m. Ils s’arrêtent à cause des intempéries.

Pour l’exploration qui durera plusieurs années, deux cabanes en rondin sur la gauche du lapiaz seront construite comme camp de base en surface.

L’exploration sera aussi facilitée par la construction de la route d’accès depuis la Croix Perrin à l’occasion des JO d’hivers 1968 à Grenoble, qui permet d’acheminer au plus près le matériel en 2CV !.

La première cabane est construite en juin 1968 pour accueillir en août et septembre jusqu’à 25 participants.

 

La seconde plus confortable l’est en 1969. Elles ont été depuis démantelées dans les années 1980 n’ayant plus vraiment d’utilité pour les expéditions.

Du 24 août au 7 septembre 1968 une expédition est organisée avec 25 participants.

 

Le 26 août la cote -340 m est atteinte. La progression est stoppée par une crue et sous des chutes d’eau à 4 degrés.

 

Le 6 septembre, 3 équipes légères (12 spéléos) sont constituées et arrivent à -400 m, avec la découverte d’un réseau latéral (réseau blanc). Elles sont interrompues par l’arrivée de nouvelles trombes d’eau.

Il va y avoir de nombreuses autres expéditions et  Il faut attendre l’automne 1979 pour que la suite de la cavité soit découverte.

A une quinzaine de mètres avant le siphon terminal de – 370 m, une petite escalade permet d’atteindre un boyau repéré lors de la plongée du siphon par Fred Vergier en 1978. L’année suivante Bernard Faure du S.G.C.A.F. désobstrue ce boyau ventilé qui donnera accès à la suite du gouffre jusqu’à – 902 m. (voir le détail des explorations sur le site du spéléo club d’Aubenas.

L’année 1979 se finira de façon dramatique en décembre lors d’une crue.

Le 13 octobre 1990. Frédo Poggia réalise une plongée et franchit un siphon de 200 m à partir du Berger à -842 m et sort dans la Fromagère.

 

 

La jonction entre les 2 gouffres est réalisée pour la première fois-ci par l’eau.

Frédo Poggia le 30 octobre 1990

En septembre 2016 une nouvelle entrée du plateau dénommée Delta 35 est jonctionnée après 463 m de descente avec l’affluent de – 660 m de la rivière de la Fromagère.

 

Depuis cette date, une équipe essaye de relier « à pied » le gouffre de la Fromagère avec le gouffre Berger en évitant le siphon.

C’est une succession de recherches, d’échecs, de blocages pour atteindre peut-être l’apothéose.

 

La spéléo c’est un autre monde, un terrain vierge où il n’y a personne, déconnecté de l’extérieur. On ne sait pas où on est, quel est la bonne direction ?

 

On ne s’est pas où cela va amener, le milieu est hostile, humide et froid avec le danger de la crue permanent.

C’est souvent des allers-retours ultra engagés. Des mois, des années à attendre., à chaque fois la motivation de réaliser une première est la plus forte pour y retourner.

Ils vont remonter un puits sur 20 m. pour déboucher dans une galerie qui finalement ne donnera rien …. parcourir une faille … une chatière donnant sur un puits … cette fois c’est bon …. et puis rien.

Ils vont buter sur un siphon. Une tentative de plongée sera également faite. C’est un échec après seulement trois minutes sous l’eau. Il s’avère qu’il est infranchissable.

C’est une déception de plus.

Fin 2023, iIs ont ainsi topographié plus d’un kilomètre de nouvelles galeries mais n’arriveront pas à faire la jonction.

Ces tentatives sont l’occasion de réaliser un film : « On a marché sous la terre » de Alex Lopez avec Cédric Lachat et David Parrot.

Ce n’est que partie remise.

Déçus de ne pas aller plus loin, la quête de l’inconnu les pousse à persévérer.

Ils y croient encore et ils y retournent car compte tenu des relevés topographiques ils ne sont pas loin.

La solution ? Pomper l’eau d’un des siphons sur lequel ils ont été arrêté.

Le 29 Décembre 2024, c’est une première historique !. « un truc de ouf » (Cédric).

 

Après quatorze ans de bataille, et 50 heures sous terre Cédric Lachat et David Parrot ont enfin réalisé leur rêve.

 

« Ça fait vraiment longtemps que je travaille là-dedans avec beaucoup de désespoir et d’espoir. On ne savait pas si on allait trouver quelque chose », raconte Cédric Lachat.

« Souvent, on se demande ce qu’on fait là. Il fait froid, on est à bout de force. […] Le jour où on trouve, c’est à la fois du soulagement, mais aussi de la joie, car on sait que, derrière, on va découvrir des lieux où personne n’est allé ».

 

La jonction est enfin établie « à sec » avec le Berger, 58 ans après le début des explorations dans la Fromagère. Sacré premiére !

L'effet de la première, l'extase !

Vidéo de la jonction entre le gouffre Berger et la Fromagère (gouffre d’Engins)

Photos : Collection Jean Lavigne, Alex Lopez